La Ligue Arabe, la réalité inconnue ou ignorée
La Ligue Arabe, la réalité inconnue ou ignorée
La ligue Arabe fut fondée pendant la première moitié du siècle passé. Les siècles se succéderont et la Ligue Arabe restera figée dans la 1ère moitié du 20ème siècle. En 1948, les Etats membres de la Ligue Arabe sont entrés officiellement en Palestine. Un acte politique semblable serait impensable de nos jours.
En 1916, Al Chérif Al Hussein fut proclamé Roi des Arabes, de tous les Arabes, avec la bénédiction des Alliés contre les Ottomans. Cette proclamation était elle aussi très naturelle. Mais aujourd’hui, qui oserait se proclamer Roi des Arabes. Si quelqu’un s’y aventurerait, il serait taxé de fou et ridiculisé par les Arabes et les non Arabes.
Un des fils de Al Chérif Al Hussein fut à son tour proclamé Roi des Syriens, qui ne sont pas des Hachémites. Rien d’anormal. Lorsqu’il fut expulsé de la Syrie par les forces d’occupation française, il devint Roi d’un autre pays arabe, l’Irak. Un tel acte était admissible au début du siècle passé.
Un homme comme Abdelaziz ben Saoud pouvait quitter son village « Al Dariâ » pour partir à la conquête d’autres pays arabes et les gouverner par la force de l’épée, tels Al-Hijaz Hachémite, Nadjd, Assir, Al Ahssa, Al Qassim, et AL Najrane du Yémen, ainsi que d’autres émirats autonomes dans la péninsule arabe. Aujourd’hui, si Ben Saoud se hasarderait à annexer un petit émirat comme Ajmane ou Ras Al-Kheima, ou un pays comme le Qatar ou Bahreïn, cela susciterait un tollé.
Les armées du monde entier se mobiliseraient pour le combattre et l’expulser, comme lors de l’invasion du Koweït par l’Irak. Le Roi Farouk régnait sur l’Egypte et le Soudan jusqu’en 1955, c’était non seulement acceptable, mais aussi légitime.
De nos jours, un pays arabe n’admet plus de recourir à son frère pour faire face à un ennemi. Paradoxalement, il demandera de l’aide à un pays étranger car les pays arabes frères lui fermeront leurs portes. Une telle requête serait politiquement irrecevable au sein de la Ligue arabe. Si une puissance étrangère occupe un pays, aucun pays membre de la Ligue Arabe ne viendra à sa rescousse.
Autrefois, les dirigeants de la résistance contre les forces colonialistes se déplaçaient à l’intérieur de la nation arabe en toute liberté, et bénéficiaient officiellement de l’assistance et de la protection, de même que des donations pour soutenir la lutte armée, ou de centres publics d’enrôlement des combattants. De nos jours, ces initiatives sont officiellement et notoirement condamnées.
Abdel Nasser a plaidé pour l’Unité Arabe fondée sur le nationalisme arabe ; il fut soutenu puis rivalisé par le Parti Arabe Socialiste Al-Baâth qui militait pour la même cause. Puis la Révolution d’Al-Fatih en Libye pris le flambeau ; elle oeuvra avec audace en vue d’atteindre le même objectif nationaliste.
Cette lutte continua jusqu’à l’avènement de la mondialisation et des grands regroupements qui sont en train de modifier la carte géographique mondiale selon des espaces démographiques.
Ces espaces se sont voulus pragmatiques, sans distinction de race, de religion, de langue ou de couleur, à l’instar de l’Union Européenne, de l’Union Africaine, l’ASEAN, la Ligue des Etats Indépendants (Nouveau Commonwealth), la Communauté de Shanghai, l’Organisation des pays de l’Asie du Sud, l’Association des pays de l’Océan Indien, le NAFTA qui s’étend du Mexique au Canada (Accord de libre échange de l’Amérique du Nord).
Dans tous ces espaces, les liens spirituels ou culturels sont sans importance car non pragmatiques, immatériels, et non économiques.
Ni la religion, ni le nationalisme, ni la couleur, voire la langue n’a de place dans ces nouveaux espaces puisque la carte géographique nouvelle est tracée selon la règle de la démocratie. C’est-à-dire une aire liée par des infrastructures, un marché commun, des douanes communes, un visa unique, des routes et des communications communes, un satellite commun, de telle sorte à pouvoir tirer profit d’une position unifiée durant les négociations avec d’autres espaces , tout en constituant une force compétitive.
Les Arabes sont une seule race. Ils ont la même langue et la même culture, et en majorité la même religion. Il n’en va pas de même sur le plan démographique, repartis entre l’Asie, Afrique, la péninsule arabe. Ceux qui sont en Afrique font partie intégrante de l’Union Africaine, née de la mondialisation, leur avenir est désormais lié à l’avenir de l’Union Africaine, et non à celui des Arabes de l’Asie. Un monde, celui de la mondialisation les sépare.
Demain , ils deviendront des Etats à l’intérieur des Etats-Unis d’Afrique, au même titre que les Européens fondateurs des Etats-Unis d’Amérique, devenus Américains malgré leurs origines européennes. Par conséquent, les 2/3 des Arabes deviendront Africains. Tôt ou tard, l’Union Africaine deviendra une entité politique, économique, sécuritaire, culturelle et linguistique. Une identité africaine unique, une monnaie unique, une armée unique, un dispositif de défense unique, une diplomatie unique, une force de négociation unique vis-à-vis du monde.
Quant aux arabes d’Asie, nul ne sait ce qu’ils deviendront. Ils se joindront probablement à une aire asiatique qui n’a pas encore vu le jour. Ou ils se répartiront entre d’autres espaces futurs asiatiques, méditerranéens ou autres. Ce qui est certain c’est qu’ils seront attirés vers ces grands espaces ou ils finiront par disparaître. Ce sera aussi le sort qui attend l’Iran et l’Afghanistan, si ces deux pays restent en dehors d’un regroupement.
A ceux qui posent la question de savoir pourquoi les pays arabes ne forment-ils pas un seul espace, nous leur disons que cela est impossible car l’Arabe africain est déjà intégré dans l’union africaine, non pas par choix, mais par nécessité. C’est la loi de la démocratie. L’Afrique aux africains, l’Asie aux asiatiques. En Afrique les arabes dont le chiffre est de 2 / 3 de l’ensemble des arabes, sont trop faibles pour former une aire géographique. Ils ne peuvent que devenir un Etat à l’intérieur de l’Union Africaine. Le même principe s’applique aux arabes de l’Asie. Pour étayer ce propos, il suffit de jeter un regard sur le produit national brut des ces pays :
PNB des Etats arabes = 700 milliards
PNB d’un Etat au sud de l’Europe, comme l’Italie = 1,5 Trillion
Selon une Etude, l’Italie disparaîtrait dans l intervalle de 30 ans si elle ne faisait pas partie de
L’Union Européenne. A noter que son PNB est le double de tous les Etats arabes ensemble.
Si les arabes étaient en mesure de former un espace unique, ils auraient formé l’Unité nationaliste à l’époque des nationalismes.
Dans ces temps des espaces géographiques, de la fièvre des minorités, Le monde arabe se trouve a la veille de mutations très graves, de déchirements ethniques et confessionnelles innombrables. Toute action arabe commune, ou restructuration de la Ligue ou toutes autres mesures seront vouées à l’échec. S’accrocher à la Ligue, c’est ignorer cette réalité.